Au citoyen Eugène Chatelain.
À Compiègne, un soir,Pieuvres de boudoirEt maréchaux de la prime,Au feu provoquantD’un souper-volcan,Portent l’orgie au sublime.L’or respiréL’or dévoré,Débonde ;Les yeux, les voixChantent à la foisSa ronde.Chacun crie : Encor !Vivons sans report !Après nous la fin du monde !Un toast à l’argent,Le suprême agent,Dit le Titan de la banque,La richesse est tout,Retournons l’atout,Ce n’est pas l’enjeu qui manque.Pressons si fortQu’en moelle d’orTout fonde,Crédit, journaux,Chemins et canaux,Terre, onde.Saignons sur bilan,L’avenir à blanc.Après nous la fin du monde !Un toast à l’amour !Dit la PompadourQui la veille était lingère.Un nabab s’est prisSur ma mise à prix,Quelqu’un couvre-t-il l’enchère ?TurlututuPour la vertuQui gronde.Qu’à son grabatMon lit d’apparatRéponde :J’ai pour édredon,Plumé Cupidon,Après nous la fin du monde !Un toast au pouvoir !Car le temps est noir,Dit un gueux tranchant du prince.Du spectre affaméL’abîme est fermé,Mais le couvercle en est mince.L’Église en soiN’a plus sa foiProfonde ;Nul souverainN’a ce bras d’airainQui fonde.Bah ! gagnons du temps !Nos fils ont vingt ans…Après nous la fin du monde !Silence aux valets !Dans ces vieux palaisL’incendie a la parole…Armé d’un pavé,Banco s’est levéIl porte un toast au pétrole :« Globe sans cœur, » Que ma sueur » Féconde, » Dois-je aux bandits » Faire un paradis » Immonde ? » Non, grève sans fin ! » Crevons tous de faim !» Après nous la fin du monde ! »
Paris, 1871.