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L’Envie

Marsolleau, Louis

Texte de Louis Marsolleau. Sur l’air « Les Gueux [1] » de Pierre-Jean de Béranger (1780-1857).

Je vous l’ai dit, monsieur, c’est l’on vie qui les pousse ! l’envie ! pas autre chose !
(Jules Huret. — La Question sociate. — Paroles d’un patron, à Roubaix.)

Devant sa table bien servie,
Fourchette au poing, serviette au cou
Ce Patron dit, grognant beaucoup :
« Ce qui les pousse, c’est l’envie ! »
-- Oui ! les affamés attristants.
Que Je jeûne écrase et courrouce,
C’est l’envie, hélas ! qui les pousse
… D’avoir du pain de temps en temps
 
Gros, gras, luisant et plein de vie,
Chauffant au feu son ventre rond
Il a déclaré, ce Patron :
« Ce qui les pousse, c’est l’envie ! »
-- Oui ! les malingrcux grelottants,
Le phtisique gelé qui tousse,
C’est l’envie, hélas ! qui les pousse…
… d’avoir du feu de temps en temps.
 
Dans son home où brille, asservie,
La splendeur des arts et des ors
Il dit, contemplant ses trésors :
« Ce qui les pousse, c’est renvie ! »
« Oui ! les vagabonds hésitants,
Les sans-gîte que tout repousse,
C’est l’envie, hélas ! qui les pousse
D’avoir un toit de temps en temps.

Paru aussi dans : La Révolte : organe communiste-anarchiste. — Paris : 1887-1894. — Année 6, suppl. litt. au nº 38 (3 juin 1893)


[1Air aussi utilisé par Gaston Couté pour « Les Loups », en 1910.