À [Raoul] Urbain, membre de la Commune.
Entends-tu les pas d’une armée,Paris, quels sombres châtiments !Sur tes coteaux vois la fuméeDes avant-postes allemands.Voilà ce que l’Empire coûte,La défaite et le désarroi.Mais tu vas leur barrer la route.Défends-toi ! Paris, défends-toi !En un seul jour tomber du faîteGrâce au culte des Intérêts,C’est la France que nous a faiteLe règne des coupe-jarrets.Mais tu vas rouvrir l’épopée,Et comme ce gâteux sans foi,Toi, tu ne rends pas ton épée.Défends-toi, Paris, défends-toi !S’ils entraient ! la tâche est ardue,Quand tous les cœurs sont soulevés.Les femmes ont la poix fondue,Gavroche roule les pavés.Allons, Paris, vieux camarade,Tire la corde du beffroi,Sois de granit…, sois barricade !Défends-toi, Paris, défends-toi !Jette Babylone aux orties.Chasse dans tes sombres fureursLes catins et les dynasties,Les marlous et les empereurs.Insurge une France française,Redeviens en ces jours d’effroiLe volcan de quatre-vingt-treize.Défends-toi, Paris, défends-toi !
Septembre 1870.