J’fais partie’ d’un group’ d’anarchistesQui a comm’ spécialité d’fair’ les déménag’mentsPour v’nir en aide aux communistesQui s’trouv’nt embêtés pour payer leur logement,Nous somm’s enn’mis de tout propriétaire,Mais, par contre, nous somm’s amis du prolétaire :Voilà pourquoi, parmi les anarchos,On nous a surnommes la Ligu’ des antiproprios.Ohé, les zigs !À bas les flics !refrainUn’, deux, trois,Marquons l’pas,Les chevaliers d’la cloch’ de bois.Un’, deux, trois,Marquons l’pas,C’est la terreur des bourgeois !Serrons les rangs, / Et portons crânement, / Le gai drapeau / Des antiproprios ! (bis)Qu’un copain s’trouv’ dans la panadeTrès emmerdé par les records et le vautour,Vite il prévient les camaradesQui n’s’font pas prier pour lui prêter leur concours :Et, tous en chœur, on radine à sa piôle,Sans avoir besoin d’chef pour distribuer les rôles ;L’un derrière l’autre, on voit les anarchosDescendre l’escalier avec les meubles sur leur dos.Devant l’ pipelet !Tous au complet…refrainNous avons tous l’humeur guill’retteNous ne ratons jamais l’occas’ de rigoler,Surtout lorsque madam’ Pip’letteÀ l’air d’vouloir nous empêcher d’déménager.Sans la brusquer, on lui dit : La p’tit’ mère,Ça n’servirait à rien de vous foutre en colère,Écoutez-nous et rentrez vit’ chez vous,Et restez bien tranquill’ si vous n’voulez r’cevoir des coups !Puis sans façons,Nous la bouclons…refrainQuand viendra la grève généraleEt qu’ils s’ront las de crever de faim, les ouvriers,Ce jour-là nous f’rons la Sociale,Au grand chambard nous ne serons pas les derniers.On nous verra au cri de « Vive l’Anarchie ! »Écraser d’un poing fort l’ignoble bourgeoisieEt, supprimant patrons et gouvernants,Nous venger en un jour de nos misères de mille ans.Plus d’proprios !Tous anarchos…refrain
Accueil > Chansons > Le Chant des anti-proprios
Le Chant des anti-proprios
anonyme
Texte anonyme (1893). [Parfois déclaré comme celui de Paul Saphir, avec une musique de Luc mais probablement l’inverse]
Ce « Chant des anti-proprios » — aux paroles un peu différentes [1] — est rappelé dans une carte postale de 1907 (ou 1899 ?).
Pipelet/pipelette, synonyme de concierge d’après le nom d’un personnage dans Les Mystères de Paris (1842-1843) d’Eugène Sue.
Paru dans Le Père Peinard, nº 219 (28 mai-4 juin 1893).
Paru ensuite dans le 1er supplément Chansons illustrées du Père Peinard en juin 1897.
Paru aussi in : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 94-95).
Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 103-124, 125-126).
[1]
IAux ventrus, déclarant la guerreNous avons pour enn’mis : patrons, curés, soldats ;Mais c’est contr’le propriétaireQue nous livrons gaiement nos plus joyeux combats.C’est nous qu’on voit, à l’approche du terme,À l’appel des copains accourir d’un pied ferme,Puis entonner, avec les meubl’s su’l’dos,A la barb’ du pip’let le chant des antiproprios :Ohé ! les zigs !À bas les flics !(au refrain)IIDu compagnon dans la panadeNous allons arracher les meubles au vautourCar pour nous c’est un’ rigoladeD’ montrer au proprios comment on leur jou’l tour !C’est à l’action qu’on connaît l’anarchiste.Aussi faut voir comment, tranquille autant qu’RaptisteEn un clin d’œil on enlève le bazarBien avant que l’vautour ai eu l’temps de fa’r du pétard !Devant l’pipelet… au complet…(au refrain)refrainUn’, deux, trois,Marquons l’pas,Les chevaliers d’la cloch’ de boisUn’, deux, trois,Marquons l’pasC’est la terreur des bourgeois !Serrons les rangsEt portons crânementLe gai drapeauDes antiproprios !(bis)