À mon ami Maxime Lisbonne
1Thiers, qu’on croyait enseveliSous le mépris et le silence,Sort des ténèbres de l’oubliEt de son sépulcre s’élance.Ses valets, devant lui ployés,Ouvrent un temple à sa statue !Comme dit Fernand Desnoyers :Il est des morts qu’il faut qu’on tue.2L’homme de Deutz, de Transnonain,Souillé du sang de tous ses crimes,Redressant son torse de nain,Pour piédestal prend ses victimes !Il ne se peut pas qu’à Paris,Ce scandale se perpétue.Tant pis pour ses restes pourris !Il est des morts qu’il faut qu’on tue.3Quelle honte ! l’homme de Mai,Trônant, dans son apothéose,Près du bataillon déciméDes martyrs tombés pour la cause !Peuple, tu ne souffriras pas,Toi dont la voix longtemps s’est tue,Cette insulte à ton fier trépas !Il est des morts qu’il faut qu’on tue.4Il est des cadavres mauditsDont le voisinage vous souille.Le Champ-de-Navets des banditsConvient à leur sale dépouille.Quand la Commune reviendra,Thiers, sur ta chapelle abattue,En effigie on te pendra !Il est des morts qu’il faut qu’on tue.
6 septembre 1887.