À mon ami Victor Marouck.
« Les hommes de l’Hôtel-de-Ville étaient des inconnus ! » Victor Marouck [(1851-1889)]
1Dans les grands courroux populaires,Quand le lion enfin rugit,Dur instrument de ses colères,Une classe d’hommes surgit.L’Histoire, lorsqu’on l’interpelle,Ignore ces individus ;Dédaigneuse, elle les appelle :Les inconnus.2Pourtant, justiciers des cloaques,Maigre bataillon décimé,Ils sont les Gaudes et les Jacques,Les martyrs de Juin et de MaiPlus braves qu’un Cid de CastilleSoldats sans poudre, héros nus,Tout seuls ils ont pris la Bastille.Les inconnus I3Dans les massacres de la rue,Étouffant la voix du canon,Sur le pouvoir elle se rue,La horde obscure des sans nom.Troupeau sans chef, bande anonyme,À l’improviste ils sont venusAccomplir leur œuvre sublime,Les inconnus.4Des plus fameux ils ont la taille ;Ils pourraient être conquérants ;Cependant, après la bataille,Humbles, ils rentrent dans les rangs.Ils sont martyrs et pas apôtres ;Ils partent comme ils sont venus,En laissant la récolte aux autres,Les inconnus.5De ces obscurs suivons l’exemple ;Sur leurs cadavres entassés.Pas plus de bons dieux que de Temple :Le peuple seul, et c’est assez !À bas la statue ou le buste !« Méfiance aux individus ! »L’avenir tend sa main robusteAux inconnus !
24 mors 1887.