1Oyez l’histoire authentiqueEt le récit véridiqueDe la blague d’un Gascon,Qui souilla l’autre semaine,— vraiment, ce n’est pas de veine ! —Notre ville de Mâcon.2Ayant, dans la plaine large,Vaillamment mené la charge,L’étendard fut au retour,Dans une chambre bien closePleine d’essence de roseRemisé jusques au jour.3Le lendemain, chose horrible,L’emblème était invisible,Seul son étui nous restait.Aussitôt le cri se jette :— La loque est dans la tinette ! —Chacun en fut stupéfait !4Le colon, vieux militaire,Dit : — Nom de Dieu, quelle affaire !Et dans quel siècle vit-on ?Le pays tombe en ruinesPuisqu’on fait de nos latrinesUn glorieux Panthéon…5Lors, dans un élan sublime,Plein d’un orgueil légitime,Sans souci de maux de cœur,Le colon — moment suprême ! —Pour sauver le noble emblèmePlongea ses bras dans… l’odeur !6— J’ai vengé le sacrilège,Dit-il, et ce privilègeSuffit à mon seul bonheur…Tel celui de la Lorraine,Ce drapeau fut à la peine :Il faut qu’il soit à l’honneur.7Bien qu’il soit rempli de… colleIl est toujours le symboleLe plus noble et le plus beau.Son saint contact purifie,Mais, je vous le certifie,Rien ne salit le Drapeau !8Celui-ci, dans la victoire,Devait conduite à la gloire,Nos régiments, aguerris…Bien qu’il soit, — qu’Hervé me perde,Aujourd’hui couvert de… crème…Gloire à ce vaillant débris !…9Tout en présentant les armes,Les soldats versaient des larmesTandis que le chef parlait.Et qu’à ses paroles graves,Dans le paradis des braves,Saint Cambronne rigolait.
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Au drapeau !
Chambiet, Charles
Texte de Charles Chambiet (≤1910). Sur l’air : « Le Clairon » (1873 ?) de Paul Déroulède (1846-1914), musique d’Émile André.
Cambronne : général napoléonien, célèbre pour le mot « merde », dit « mot de Cambronne ».
Paru aussi in : Le Réveil artésien (1910-1911), nº 6 (1er mai 1910).