1Las, fourbu, sous le fournimentDont le poids fait pencher sa tête,Il va sur la route, clamantQuelque chanson obscène et bête :« Meunier, meunier, tu es cocu ! »Mais il n’a pas l’air convaincu.Traînant ses pieds, tirant son cul,Il va, lamentable guenille…Le soldat est un joyeux drille !2Le soir, flambant, bien astiqué,Luisant sur toutes les coutures,Il court chez quelque mastroquet,Absorber d’affreuses mixtures :« Beaucoup d’absinthe, s’il vous plaît ?Très peu d’eau. » Quand il est complet,Il dévide son chapeletEt dans un ruisseau dégobille.Le soldat est un joyeux drille !3Quand l’amour vient le chatouillerIl sait où trouver sa pâtureEt va frapper, sans sourciller,Guilleret, à la devantureD’un boxons quelconque, au hasard.La maquerelle, avec égardHospitalise le soudard.Étant de la même famille.Le soldat est un joyeux drille !4C’est surtout aux pays lointainsQu’il peut s’en donner à cœur joie.Pour lui, que de larges butins !Chaque chose devient sa proie.Il peut tout faire, impunément.Il a tous les droits et vraimentIl en use modérémentQuand il vole, assassine, pille…Le soldat est un joyeux drille !5Cependant il ne faudrait pasQu’il manquât à la discipline ;Si, parfois, il fait un faut pas ;S’il se plaint ou s’il récrimine,Ah ! c’est vite fait ! aussitôtOn vous jette l’homme à l’ousto.C’est Biribi ! c’est le poteau !En cinq sec, on vous le fusille !…Le soldat est un joyeux drille !
Accueil > Chansons > Joyeux drilles
Joyeux drilles
Méric “Luc”, Victor
Texte de Luc [Victor Méric] (≤1901). Musique de Paul Saphir.
Paru aussi in : Le Libertaire, 3e série (1899-1901), in nº 60 (9-16 février 1901).
Paru dans La Chanson aux chansonniers, nº 1 (1908).