1Lorsque passent dans la rueNos braves petits soldats,Vite, la foule accourueSe met dans tous ses états.Elle applaudit, elle crie :Bravo ! Vivat !Car c’est l’espoir de la Patrie,De la Patrie,Que le vaillant petit soldat !2Parfois, poursuivant son rêve,Son rêve d’humanité,L’ouvrier se met en grèveEt se dresse, révolté.Tristement, l’âme meurtrie,Le patronatImplore au nom de la Patrie,De la Patrie,Le fusil du petit soldat !3À l’heure de la bataille,On voit, couchés par sillons,Sous le canon, la mitraille,Régiments et bataillons.Qui donc, chair à boucherie,Chair à combat,Tue ou crève pour la Patrie ?Pour la Patrie ?C’est toujours le petit soldat !4Quelquefois on l’assassinePour un geste. À Biribi,L’attendent la crapaudine,Le silo, l’infect fourbi ;Il revient l’âme pourrie,Vaurien, goujat !Et c’est encore pour la Patrie,Pour la Patrie,Que souffre le petit soldat.5Quand luiront les jours de songe,Les beaux jours de liberté,Alors adieu le mensonge,Le meurtre, la cruauté,La guerre sera flétrie.Adieu le bâtQuand nous n’aurons plus de Patrie.Plus de Patrie !Et surtout de petit soldat.
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Pour la patrie
Méric “Luc”, Victor
Texte de Luc [Victor Méric] (≤1900).
Biribi » est un bagne militaire.
Crapaudine, silo : tortures infligées aux soldats punis.
Paru aussi in : Le Libertaire, 3e série (1899-1901), in nº 54 (8-16 décembre 1900).