Au grand Proscrit, au Noble Cœur, au vaillant Poète… etc. etc. Paul Déroulède.
Qui donc, à travers le carnage,Le sang, le meurtre, le pillage,Promène partout l’étendard ?Le soudard.Qui donc, aux champs comme à la ville,— Guerre étrangère ou bien civile —,Apporte ses goûts de pillard ?Le soudard.Pour civiliser les sauvages,Qui donc sur de lointains rivages,Massacre tout sans nul égard ?Le soudard.Qui donc brûle, pille, extermine ?Quel est l’être qu’on abomine,Brutal, cruel, lâche,paillard ?Le soudard.Aux temps présents comme naguère,Qui donc sait provoquer la guerreÀ laquelle tous prennent part ?Le soudard.Mais quand vient l’heure, l’heure grave,Où chacun se défend en braveQui donc trahit, capitulard ?Le soudard.Dans les salons et dans les fêtes,Qui donc va faire des courbettes ?Qui sait s’abaisser avec art ?Le soudard.Qui donc s’agenouille à la messe,Aux vêpres ? Qui donc, à confesse,S’aplatit aux pieds d’un cafard ?Le soudard.Avec des filles peu farouches,Qui se livre à des trafics louches ?Menteur, voleur, joueur, fêtard ?Le soudard.Et que lui faut-il toujours, mêmeLorsque sonne l’heure suprême ?L’or, le panache, le brocart,Au soudard !