Au citoyen G[ustave] Rouanet.
Le grand Krack est bien proche,Mais la vaste sacocheDe tous les suceurs d’or,Par le jeu d’une pompe,Jusqu’à ce qu’elle en rompe,S’emplit, s’emplit encor.La masse qui turbineSèche dans la débineComme un linge tordu.La pompe trouve à boire,Dans sa misère noire,Des gouttes d’or fondu.Bientôt, montagne énorme,Le Capital se formeDu travail non payé.La sacoche se gonfleEt le piston qui ronfleN’est jamais enrayé.Tout coule en or liquide,Le cerveau qui se vide,La moelle de nos os,Les gaz, les mers, les nues,Les forces inconnues,L’épargne des gogos !Ce vol se perpétue,Épuise et prostitueCe vieux globe gâté.Humanité souffrante,Cette pompe aspirante,C’est la Propriété.Mais tout a sa mesure.Dans le sac de l’UsureSe déclare un grand trou.Où trouver un refuge ?Crevant comme un déluge,Il pleut un argent fou.À bas tous les commerces,Il tombe des aversesDe coupons lacérés.Et l’on voit — pertes sèches —Voltiger en flammèchesTous les papiers timbrés.Bravo ! la Banqueroute,Sur la Bourse en déroute,Roule ses flots amers.On voit grossir les ondes,Les forbans des deux mondesSombrent au fond des mers.Au feu les budgets ivres !Les Banques, les grands livresS’embrasent à la fois.Le ciel en devient rose,Et cette apothéoseÉbahit les bourgeois.Que peuvent-ils répondre ?Le sol craqué et s’effondreSous leurs pas effarés ;Et sur terre commenceLa farandole immenseDes forçats libérés !