Paris vient de lui dire : Adieu !Le Paris des grandes journées,Avec la parole de feuQui sort des foules spontanées.Et cent mille hommes réveillésAccompagnent au cimetièreLe candidat de la misère,Le député des fusillés.D’idéal n’ayant pas changé,La masse qui se retrouve une,Fait la conduite à “l’Insurgé”,Aux cris de : vive la Commune !Les drapeaux rouges déployésFont un triomphe populaireAu candidat de la misère,Au député des fusillés.Car vous aimez les tâcheronsDe l’idée et ceux qui la sèment,Vous les blouses, les bourgerons,Vous aimez les vrais qui vous aiment.Dans votre geôle, verrouillés,Vous receviez espoir, lumière,Du candidat de la misère,Du député des fusillés.Votre député le voici,Fronts ouverts par les mitrailleuses,Fédérés hachés sans merci,Ambulancières pétroleuses.Voici, vaincus, foulés aux pieds,Voici, Varlin, Duval, Millière,Le candidat de la misère,Le député des fusillés.Et vous les petits cœurs brisés,À Vingtras formez un cortège,Venez, vous, les martyrisésDe la famille et du collège !Jusqu’au sang il les a fouaillésVos tyrans : le cuistre et le père,Ce candidat de la misère,Ce député des fusillés.Creusant à vif, palpant à nu,Ce robuste en littératureS’est assis sur le convenuEt pour calque a pris la nature.Sanglots navrants, rires mouillés,Il vécut tout : joie et colère,Ce candidat de la misère,Ce député des fusillés.Malgré Bismarck et ses valets,L’Internationale existeEt l’Allemagne offre à VallèsSa couronne socialiste.À vous, bourgeois entripaillés,À vous seuls il faisait là guerre,Le candidat de la misère,Le député des fusillés.Il vient le jour de l’action,Où la féroce BourgeoisieEntendra, Révolution,Crépiter ton vaste incendie ;Allumé par vous, dépouillés,Qu’il soit le bûcher funéraireDu candidat de la misère,Du député des fusillés.
Paris, février 1885.